TIMBUKTU

Timbuktu, magnifique moment de cinéma, fait de poésie, de réflexion et de conviction. Timbiktu est désormais disponible en DVD sur Netflix!

 

L'histoire en bref...

Non loin de Tombouctou tombée sous le joug des extrémistes religieux, Kidane  mène une vie simple et paisible dans les dunes, entouré de sa femme Satima, sa fille Toya et de Issan, son petit berger âgé de 12 ans.
En ville, les habitants subissent, impuissants, le régime de terreur des djihadistes qui ont pris en otage leur foi. Fini la musique et les rires, les cigarettes et même le football… Les femmes sont devenues des ombres qui tentent de résister avec dignité. Des tribunaux improvisés rendent chaque jour leurs sentences absurdes et tragiques.
Kidane et les siens semblent un temps épargnés par le chaos de Tombouctou. Mais leur destin bascule le jour où Kidane tue accidentellement Amadou le pêcheur qui s'en est pris à GPS, sa vache préférée.
Il doit alors faire face aux nouvelles lois de ces occupants venus d’ailleurs…

 

 

Avec TimbuktuAbderrahmane Sissako nous offre une oeuvre profonde et bouleversante fondée sur des faits réels, à savoir l'occupation pendant près d'un an de Tombouctou par les jihadistes délogés début 2013.

 

Au coeur de Timbuktu, il y a naturellement la religion, la foi, les femmes et la violence froide, menaçante, implacable, et l'espoir aussi.

 

La grande force du film est de montrer la coexistence d'une population pieuse et pacifique et des jihadistes venus d'on ne sait où. On ne sait pas trop d'où ils viennent et ressemblent à une milice avec des chefs qui assènent la doctrine et des soldats encore presque enfants parfois. L'imam de la mosquée s'adresse à ces représentants de la force avec un discours clair, limpide et pacifique. La foi ne porte pas d'armes. Sa voix douce et feutrée mais forte de son savoir et sa connaissance reste imprimée dans nos esprits. ''Où est la clémence? Où est le pardon? Où est Dieu dans tout cela?''

 

 

 

Les femmes sont formidables dans la brimade aveugle qu'elles subissent parce qu'elles osent: Satima ose répondre à Abdelkrim que si il ne veut pas voir ses cheveux, il n'a qu'à détourner son regard, la femme qui se fait fouetter pour avoir chanté, chante sous les coups face à ses bourreaux, la vendeuse de poissons leur crie à la figure la bêtise de leurs exigences (porter des gants en permanence pour les femmes!)

 

Kidane, le personnage central, est incroyable et déchirant par son calme, sa détermination, sa foi sans faille, son amour pour sa fille et sa femme. L'un des moments forts est la confrontation avec le juge. Kidane lui demande si il a des enfants. Celui-ci lui répond :  2, un fils de 8 ans. Face à cette réplique sans appel, Kidane exprime tout son amour pour sa fille unique Toya.

 

Les jihadistes imposent leurs tribunaux de la sharia. La scène de lapidation est insoutenable. Leur violence est sourde, insidieuse. Elle se répand lentement, sans cri, sans fureur, mais implacable. Il y a comme une résignation. On en arrive aussi à des situations presque burlesques si le contexte n'était pas si dramatique: avec de jeunes miliciens qui semblent perdus dans cette spirale, incapables finalement de formuler la raison de leur enrôlement, avec des mélanges de langues qui rendent certaines situations absurdes. La répétition approximative en Arabe, en Anglais, en Tamasheq des ordres arbitraires met en exergue leur vacuité. D'ailleurs, les règles ne sont pas toujours claires : le soldat qui entend de la musique est supposé l'interdire, mais il se trouve que ce  sont des chants de prières envers Dieu. Alors? Que faut-il faire?

 

Timbuktu est aussi porteur d'espoir, malgré la brutalité, la violence et la terreur. Le match de foot sans ballon est une parenthèse esthétique et symbolique d'une puissance incroyable. L'esprit reste le plus fort. 

 

 

 

 

Timbuktu est une perle (c'est d'ailleurs son nom, perle du désert), à voir absolument.

 

 

 

 

 

Timbuktu

Horaires des séances

 

Timbuktu n'est plus sur nos écrans de cinéma, mais il sera disponible en DVD sur Netflix à partir du 9 juin 2015.