Le film français 120 Battements par Minute sort à San Francisco

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120 Battements par Minute, le film événement du dernier festival de Cannes, était présenté au Mill Valley Film Festival. Il sort à  San Francisco et Berkeley le 27 octobre 2017.

 

Avant de découvrir le film 120 Battements par Minute au Mill Valley Film Festival, nous avions partagé l'avis de Delphine, amie proche et lectrice de LostinSF à ses heures perdues. Autant vous dire qu'elle nous avait préparé au choc... et pourtant, ça n'a pas suffi. Le film nous a laissé chaos debout. Le choc est frontal, mais essentiel ; 120 Battements par Minute nous transforme fondamentalement et radicalement.

 

L'avis de Delphine... 

 

''Le film coup de poing de Robin Campillo (auteur et réalisateur du très remarqué Eastern Boys à Venise) relate le combat, auquel lui-même a pris part, au début des années 90, combat livré à la vie à la mort par les militants fondateurs de l'Association Act Up, alors que l'épidémie du sida frappe au plus fort et tue dans la plus grande indifférence ou ignorance sociale en France. Une chose est sûre, le film ne nous laisse pas, spectateurs, indifférents. 


Sans être culpabilisant, le film éduque sur toute une génération sacrifiée de malades, laissée seule, dépourvue, qu'autorités politiques et médicales préfèrent ignorer. Après tout, il est vrai que les catégories d'être humains concernées, détenus, drogués, homosexuels (les hémophiles contaminés rencontrent un peu plus de compassion...) sont celles dont la société bien-pensante pourrait largement se passer. Or c'est mal connaître Act Up. Calquée sur le modèle new yorkais, l'association est créée lorqu'un groupe de jeunes gens, séropositifs ou non, s'insurgent de voir leurs proches disparaître face à la lenteur et la mauvaise foi des dirigeants et des laboratoires de recherche. L'association se donne la mission de défendre TOUS les malades du sida quels qu'ils soient, sans discrimination aucune.. Tous sont malheureusement égaux devant la maladie. 

 

Le rythme du film traduit pleinement l'urgence de la situation, car il n'y a plus de temps à perdre face aux ravages de l'épidémie. Cela appelle donc à une action virulente, justifiée, et pourtant critiquée par les médias et incomprise de l'opinion générale. 

 

La puissance du film réside dans le fait qu'il y ait deux vecteurs non pas parallèles, mais alternés. L'aspect tout d'abord "documentaire" du personnage principal, l'Assoc Act Up, elle-même. Les scènes des réunions hebdomadaires, en salle d'amphithéâtre peignent de façon très forte, le processus très démocratique et cash observé par les militants, où plans d'action, controverses, intérêts distincts de chacun sont évoqués avec beaucoup de franchise, de lucidité et parfois même beaucoup d'ironie.

 

Puis il y a la rencontre du doux Nathan, nouvelle recrue de l'Assoc et du militant révolté Sean (l'éblouissant acteur argentin Nahuel Pérez Biscayart) jeune chilien incandescent, prêt à livrer son dernier combat pour la cause qui est en train de l'emporter, mais aussi désirant vivre pleinement jusqu'au dernier souffle. 

 

Espérons qu'à défaut de la palme de Cannes en mai, ce moment fort de cinéma, portrait fidèle de d'une période sociétale française que l'on ne peut ignorer, soit récompensé lors de la prochaine cérémonie des Césars. En l'honneur des milliers de victimes et des combattants de la lutte contre le sida.''

 

 

Ce film est un portrait d'une intimité bouleversante. On pleure, on rage, on s'indigne, on refuse, on se cabre, on s'attendrit en suivant tous ces personnages. Et puis, il y a Sean, très beau, très vulnérable, très fragile, et si combatif, brouillon et rageux comme la vie qui lui échappe. 

 

L'expression est galvaudée, mais on ne sort pas indemne de ce film. On recherche dans nos souvenirs pour essayer de se remémorer qui on était, où on était dans ces années 90 qui ont vu tant de morts à cause du SIDA alors qu'ils auraient pu être soignés, aidés, accompagnés.

 

Et puis... on ne peut pas s'empêcher de faire un parallèle avec la situation dramatique de milliers de personnes aux États-Unis aujourd'hui, qui, jour après jour, meurent d'overdoses liées aux antidouleur opiacés vendus et prescrits en masse et sans mise en garde. Le fléau est différent, mais ce sont des groupes pharmaceutiques négligeants ou opportunistes qui en sont responsables. Là encore, le sentiment de manipulation et de totale négligence de l'humain ressurgissent.

 

 

Allez voir 120 Battements par Minutes, un film électrochoc qui se débat, se tord, s'apaise un peu parfois, repart au combat, pleure, perd, et recommence, une histoire d'amour, de vie débordante, de désir et de lutte. Le tout sur les notes de Smalltown Boy de Bronski Beat.

 

 

120 Battements par Minute / BPM (Beats per Minute)

Film de Robin Campillo

Sort à San Francisco et Berkeley

le 27 octobre 2017

Opera Plaza - San Francisco

Shattuck Cinema - Berkeley

www.landmarktheatres.com

 

Retrouvez toutes les dates de sortie aux US pour le film 120 Battements par Minute > ici.