RENCONTRE AVEC LOLA LAFON

Lors du Litquake, l'événement littéraire de San Francisco, Emma a rencontré pour nous Lola Lafon. 

 

À l’occasion de la publication d’un de ses romans cette année aux USA, Lola Lafon est passée par San Francisco, où elle a donné une lecture de son livre lors d’un événement Litquake. Elle nous a accordé un peu de son temps pour nous rencontrer et échanger autour de ses romans.

 

Lola Lafon est un auteur français dont la notoriété grimpe grimpe grimpe… Son succès de librairie est dû à la parution aux éditions Acte Sud du roman: La petite communiste qui ne souriait jamais, roman qui a, outre rencontré bons nombres de lecteurs, a aussi reçu de nombreux prix littéraires et des critiques littéraires élogieuses.

 

Lola Lafon est avant tout une femme de plusieurs pays, de plusieurs plumes. Elle parle couramment plusieurs langues, elle a grandi entre plusieurs pays, elle est issue d’une famille à plusieurs racines, où l’on parle français à table mais aussi, russe, roumain….

 

Lola écrit depuis longtemps tous les jours un peu, mais quand elle travaille elle s’isole et rentre alors en solitude qui généralement va durer 2 années. Puis viendra le temps des rencontres et des débats, et des concerts lectures. Parce que Lola Lafon chante. de cette voix douce et polyglote, qui apporte un autre tonalité à ses mots. Elle chante La solitude de Barbara avec justesse et l’on comprend que cette solitude renvoie à celle de l’écrivain.

 

Ceux qui ne l’ont jamais rencontrée devront courir l’entendre lire ses phrases, traduites ou pas et qu'elle se réapproprie totalement, pour mêler rythmes et sons et la musique d'autres mots. Lola Lafon écrit. Lola Lafon chante.

 

De sa jeunesse passée à l'Est de l’Europe, elle a sûrement gardé son attachement à être de plusieurs lieux. Elle se dit parisienne puis se reprend et dit oui mais j’aime rentrer chez moi à Bucarest. Bucarest lieu où elle a écrit en partie La petite communiste..., livre empreint de la Roumanie, de son héroine gymnaste, de sa politique, de ses conflits, des femmes, des hommes de pouvoir…

 

Les Etats Unis ont nourri ses lectures, où elle se dit même plus au fait de la littérature américaine que celle européenne. Ayant habité New York quelque temps, elle découvre San Francisco, son charme, ses maisons, sa lumière, ses “homeless”, cette nature présente… Une ville, un lieu avant de repartir vers d’autres villes.

 

Lola Lafon a été émue lorsqu’elle a appris par son éditeur français qu’un éditeur américain souhaitait publier son roman: Nous sommes les oiseaux de la tempête qui s’annonce… Une émotion mêlant surprise et honneur.

 

 Photo Credit: (c)sabrina bot  


Elle sait aussi que la Petite Communiste… va traverser l’Atlantique prochainement et bien sûr, cela la rend tout aussi heureuse. Mais elle s’interroge de voir comment ce livre sera accueilli par les lecteurs et la presse américaine.

Parce que ce roman s’inspire de Nadia Commaneci mais n’en est pas une biographie. C’est une fiction: vous savez c'est même indiqué sur le livre ... insiste-t-elle.

Un roman qui dépeint comment le pouvoir politique intervient de tout son pouvoir sur les femmes, sur leurs corps, comment il ne pardonne pas à la femme, sa transformation, sa mutation de jeune fille à celle femme. Ce roman qui parle à une génération entière qui a adoré , voir adulé cette gymnaste une génération pour qui le souvenir de la grâce et de l énergie mélée est encore présent dans toutes les mémoires. Ce roman est aussi lu par beaucoup de jeunes filles adolescentes qui n’ont pas cet attachement à l’héroine puisqu elles ne l’ont pas connue de son temps de gloire absolue. En cela les rencontres menées avec les lycéens , interpellent et interessent beaucoup l’auteur qui nous confie avoir été très impressionnée par l’acuité de lecture des élèves de Terminale du Lycée Francais de San Francisco.

 

Lola Lafon aime les femmes, leurs droits, leur héroisme ordinaire, leur corps. Leurs destins aussi. Elle sourit en me disant: “Oui je suis une femme féministe…et je ne vois pas pourquoi je devrais en avoir les joues rouges”.

Elle qui a lu à 14 ans Simone de Beauvoir et vous invite à la relire parce que la relire adulte alors redonne au choc ressenti à l'adolescence un autre sens: celui de la maturité et un sens si modernes aux mots.

''Ce qui m'intéresse, me dit-elle,  c’est de parler de femmes qui font du bien à la Femme, pas de celles dont les actes influent négativement sur les sentiments du lecteur.''

Dans mon roman  Nous sommes les oiseaux, poursuit elle… ce sont des femmes, jeunes filles, où le corps et la danse prennent déjà tout un sens. Dans le livre de La petite communiste , ce corps de femme que l’on jette parce qu’il n’est plus instrument de pouvoir, cette petite poutre où la grace suprême dépeint derrière un système et une discipline de fer, pour étre  finalement rejeté dès que les 10 cm deviennent trop étroit pour ce corps qui a juste suivi son évolution biologique, et qui dès lors transforme le destin.

 

On ne peut pas parler à Lola Lafon de ses livres sans parler de son style littéraire. Un style qu’elle a ciselé et dont la forme, justement, interpelle le lecteur.

 

''Oui bien sûr , me dit elle , il faut trouver la forme.. Si je n ai pas trouvé la forme, alors le roman ne peut exister. J’essaie à chaque fois de trouver une forme qui rend compte des personages, qui lui donne une existence. Pour La petite communiste, j’ai écrit et j’ai jeté beaucoup jusqu’à ce que je trouve cette forme, vive et acérée, phrases courtes et rythmées. Et c’est là toute la réussite de ce roman. Par ce ton vif, on retient cette energie et cette rapidité des gestes de la gymnaste, mais aussi la puissance qui va s'en dégager, la puissance d’un corps frêle de petite fille qui sera pur instrument d’un système politique.

 

Dans le roman, un dialogue s’installe entre l’auteur et l’héroine. Un dialogue qui rend le livre comme un roman mêlant plusieurs genres litteraires, faisant de cette forme littéraire une forme Hybride puisque ce n'est pas un documentaire, ni même une biographie mais un roman mêlant documents et fiction. Lola Lafon aime cette notion Hybride qui la renvoie à ce qu’elle est. Ce sont ses romans qui ont mis un mot sur ce qu’elle ressent être. Et c’est vrai. Lola est une femme. Une femme mêlée, une femme Hybride.

 

Un immense merci à Lola Lafon pour nous avoir accordé cette entrevue.

 

 

Lola Lafon

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